En Afrique, selon l’OMS, l’espérance de vie en bonne santé a augmenté en moyenne de dix ans par personne entre 2000 et 2019. Cette augmentation considérable résulte d’une réelle prise de conscience qui a permis aux différents pays d’établir et de déployer des stratégies en faveur de l’amélioration de la prestation des services de santé essentiels et de bénéficier des avancées médicales dans la lutte contre les maladies infectieuses. Cependant, le secteur de la santé reste fragile et nécessite des investissements pérennes qui puissent garantir l’efficacité de la recherche, l’innovation, la sensibilisation et l’accès des populations aux soins adaptés.
Chaque année, le 7 avril marque la Journée mondiale de la Santé, dont l’objectif est d’étudier une question de santé à l’échelle internationale et de mettre en lumière les principaux défis liés à ce secteur auprès du grand public. En 2023, le thème retenu est « la santé pour tous » : cette ambition universelle qui promeut l’équité, l’accès systématique aux soins et aux structures sanitaires ainsi que la construction de systèmes de santé résilients, s’intéresse ainsi particulièrement à la protection des populations vulnérables et isolées. De nombreux facteurs influent sur l’accessibilité de la santé, notamment caractérisés par les connaissances, attitudes et pratiques des populations.
Transmettre des connaissances et promouvoir la santé
En matière de santé, la communication et la sensibilisation tiennent un rôle central : l’interprétation incorrecte d’informations relatives à la santé, qu’elle soit due aux traditions ancestrales ou aux rumeurs circulant sur les réseaux sociaux, influence souvent négativement la santé des individus et augmente leur réticence à faire appel à des professionnels de santé, pourtant capables d’assurer leur prise en charge rapide et de leur administrer les soins adéquats. Ainsi, la mise en œuvre de nouvelles politiques sanitaires, la disponibilité de soins élargis dans une structure de santé ou encore des mesures économiques facilitant l’accès aux soins ont tout autant besoin d’une campagne de communication ciblée, afin d’informer la population et de lui donner les connaissances qui lui permettront de bénéficier de ces nouveaux services de manière optimale.

La transmission des connaissances et des informations appropriées est rendue possible grâce à un travail collectif et inclusif de fond, reposant sur l’élaboration d’une stratégie de communication pour le changement social et comportemental (CCSC) qui permet de comprendre les nouveautés, d’intégrer leurs avantages et de s’approprier leur utilisation. Cette approche consiste en l’analyse d’un problème en le considérant avec tous ses aspects environnementaux, à la définition des principaux obstacles et facteurs de motivation en faveur du changement, puis à la conception et mise en œuvre d’un ensemble d’interventions, qui vise à soutenir et à encourager les comportements positifs.
Ainsi, après une enquête de terrain et une analyse de la situation approfondies, des objectifs de communication sont définis, les cibles sont identifiées et les messages, supports et activités pour les atteindre sont déterminés. Elaborée avec et pour les communautés concernées, cette approche permet de prendre en compte les spécificités de chaque situation pour garantir la diffusion d’une information sanitaire juste et utile aux communautés.
Pour l’autonomisation des communautés
Pour contribuer au renforcement des systèmes de santé, il est nécessaire à la fois de soutenir les politiques gouvernementales et leur mise en œuvre, et d’appuyer les communautés afin de leurs permettre de devenir les agents de leur propre développement. Ainsi, depuis la prise d’une décision par l’État jusqu’à ses conséquences pour les communautés, la chaîne sanitaire franchit de nombreuses étapes. A chacune d’entre elles, l’implication des bénéficiaires et des communautés est indispensable pour la bonne réussite et implémentation de la décision.
En effet, une fois les messages définis et les canaux de transmission établis, la sensibilisation sur un thème de santé doit être transmise dans la communauté, entre paire et entre génération. Cette pérennité ne peut être acquise qu’à la condition d’une appropriation sincère par les bénéficiaires et par les personnes susceptibles de les influencer. Les relais communautaires jouent alors un rôle capital dans le maintien de la circulation des bonnes pratiques en matière de santé, de même que les artistes aptes à promouvoir des messages positifs ou encore les leaders, dont les attitudes et comportements font autorité. Grâce à leur association aux activités d’information et de promotion de la santé, ils assureront l’atteinte des objectifs visés et contribueront activement au développement de leur communauté.
Au service des plus vulnérables

L’accès à la santé pour tous reste un défi de taille. En travaillant au plus près des communautés, on s’assure d’atteindre les bénéficiaires ciblés. Cependant, les obstacles sont nombreux.
Dans le cadre du projet RISP de renforcement des systèmes de vaccination en Afrique de l’Ouest, atteindre les populations isolées est une priorité. Mis en œuvre à Kankan (Guinée) et dans les régions de Diffa, Maradi et Zinder (Niger), il concerne les personnes éloignées des centres de santé et qui peinent à respecter le calendrier vaccinal, notamment pour les enfants de moins de cinq ans. Des caravanes, visites à domicile et campagnes communautaires permettent d’identifier les personnes vivant en zones d’insécurité, déplacées, réfugiées ou encore au mode de vie nomade, afin de leur apporter les offres de soins requises.
Le projet ISMEA, Investir dans la Santé de la Mère, de l’Enfant et de l’Adolescent, mis en œuvre dans les régions de Ziguinchor, Sédhiou, Kolda, Kédougou, Tambacounda et Kaffrine, au Sénégal, cherche aussi à renforcer l’accès aux soins, notamment pour les femmes et les enfants. Cela se traduit par l’amélioration de la disponibilité de services de Santé Reproductive, Maternelle, Néonatale, Infantile, des Adolescents et à une Nutrition de qualité (SRMNIA-N), par la promotion de la santé des adolescents et l’autonomisation des femmes, ainsi que par le soutien aux réformes visant à renforcer la gouvernance, l’équité et la durabilité du financement dans le secteur de la santé.
Pour les professionnels de la santé, associer rigueur et humanisme est indispensable. Partageant ces valeurs, Askaan s’associe à la célébration de cette Journée mondiale pour promouvoir plus d’inclusion grâce à l’innovation, pour construire une Afrique où les populations jouissent pleinement de leur santé et de leur bien-être et pour que tous les acteurs de la santé œuvrent efficacement en synergie et en harmonie avec les communautés.