La vaccination constitue une composante essentielle du droit humain à la santé et une responsabilité individuelle, collective et gouvernementale et on estime qu’elle prévient chaque année 2,5 millions de décès. Le Niger, à l’instar d’autre pays à revenu intermédiaire, met en œuvre depuis plusieurs décennies, le programme élargi de vaccination, avec différentes stratégies, pour assurer la disponibilité, l’accessibilité et l’utilisation des services à toutes les communautés. L’enquête de couverture vaccinale de 2017, met en évidence une proportion de 44 % d’enfants complètement vaccinés. Trois de ses régions, sont caractérisées par l’existence de populations “spéciales” composées de nomades, réfugiés / déplacés, des communautés vivantes dans des zones péri-urbaines et transfrontalières. L’étude de la mise en œuvre des stratégies spéciales, vise à évaluer l’équité dans l’utilisation des services de vaccination et les performances du PEV.
Méthodologie
Une étude transversale à visée descriptive a été menée dans les régions de Diffa, Maradi et Zinder pour la période de mars à novembre 2023. Le recueil des données était fait sur la base de l’exploitation des rapports d’activité de vaccination des centres de santé, polarisant les zones de mise en œuvre des stratégies spéciales. Le DHIS2 et l’outil Excel ont été utilisés pour le calcul des indicateurs.
Résultats
Les résultats de l’étude mettent l’accent sur les progrès réalisés dans la vaccination des populations spéciales des régions de Diffa, Maradi et Zinder.
La mise en œuvre des stratégies frontalières met en évidence un écart global de 694 entre le Penta 1 / 3 et un taux d’abandon de 12 % pour les régions de Diffa, Maradi et Zinder. Pour le BCG est le VAR1, l’écart varie de 131 à 197, avec la région de Zinder, qui présente le nombre le plus élevé. Pour les trois régions, le taux d’abandon pour BCG / VAR1 est inférieur ou égal à 10%.
La stratégie nomade montre un écart entre le Penta 1 / 3 qui est de 1 482, qui varie de 90 pour la région de Maradi et 1 392 pour la région de Zinder. Le taux d’abandon global, Penta 1 / Penta 3 est de 46 % et 52 % pour la région de Zinder. L’écart entre le BCG et le VAR, met en évidence un total négatif, avec particulièrement la région de Zinder, qui a un nombre d’enfants, vaccinés pour le VAR 1, supérieur de 325, comparé au BCG.
Dans la région de Diffa, on note plus de vaccinés au Penta 3, avec des écarts qui varient 82 à 128 enfants, respectivement pour les zones péri-urbaines et celles, abritant des réfugiés et des populations déplacées. Pour le BCG et le VAR1, à l’exception de la stratégie péri-urbaine, montre un déficit, qui varie de 72 pour les zones d’insécurité à 181 enfants pour les réfugiés et les populations déplacées. Le taux d’abandon pour le BCG / VAR 1 est supérieur à 10 % pour les réfugiés et les populations déplacées.
Les principaux résultats ont abouti à des recommandations phares :
(i) Cartographier les groupes de populations spécifiques ;
(ii) Mettre en place des cadres de coordination multisectorielle impliquant toutes les parties prenantes ;
(iii) Procéder à la révision de la carte sanitaire pour résorber les gaps en structure de santé ;
(iv) Mettre en œuvre des stratégies spécifiques pour amélioration de la qualité des données pour les stratégies spéciales ;
(V) mettre en place un registre électronique pour faciliter le suivi des enfants de ces groupes spécifiques.
Conclusion
La vaccination est un droit fondamental pour tous, y compris pour les populations spéciales résidant dans des régions difficiles d’accès ou en situation d’insécurité. L’amélioration de l’accès et de l’utilisation des services de vaccination pour ces groupes vulnérables, contribue à réduire la propagation des maladies infectieuses et à améliorer l’état de santé des groupes vulnérables. Cependant, des efforts continus et coordonnés sont nécessaires pour surmonter les obstacles persistants et atteindre une couverture vaccinale optimale dans les régions de Diffa, Maradi et Zinder.